Isabelle, Finisher sur l'ultra marin !

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Ultra marin,
Isabelle a bouclé les 177 km du grand raid du Morbihan en 35 h 43 !
3 eme de sa catégorie, bravo à notre Violeta Girondine,
Elle revient avec des images et des émotions gravées,
Respect et félicitations, on a hâte d'avoir les récits !
Bonne recup.

Son récit :



"L’ultra marin du Golfe du Morbihan … 177 km autour de la plus belle baie du monde !
L'idée me trottait dans la tête depuis que j'avais entendu parler de cette  course à la fois démesurée par la longueur mais tellement attrayante par la beauté des paysages qu’elle  promettait de dévoiler.
2019 : 60 ans, 40 ans de vie partagée avec mon homme, la retraite et grand-mère !
J’avais besoin de me retrouver face à tous ces moments importants de ma vie, de les partager avec... moi-même... alors quoi de mieux que d’aller au bout de mes émotions pour savourer ce que la vie m’a offert et d’en prendre pleinement conscience …Je pense que c’est cela que je suis allée chercher au bout de ce trail.

Nous sommes  arrivés à Vannes avec JP le jeudi après-midi, pour pouvoir aller chercher mon dossard tranquillement la veille plutôt que le jour de la course. Pas trop de monde, j’en profite pour aller voir l’équipe de l’étude du sommeil (que j’avais accepté de faire car je trouvais rassurant de savoir qu’une équipe médicale allait me suivre tout le long du trail …) qui m’explique comment vont se dérouler les tests que je vais devoir faire à chaque poste de pointage. 
Balade dans Vannes, achat de petits souvenirs dont un petit body floqué de la marque  baby Breizh  pour mon petit Felix  et bien évidemment quelques boîtes de palets bretons.
Après un  petit repas froid pris dans un endroit bien verdoyant pour éviter la chaleur accablante  (demain la température baisse un peu …heureusement !!), nous rentrons à l’hôtel.
Je ne suis pas du tout stressée  et ravie de voir le départ approcher à grands pas : enfin je vais bientôt pouvoir savourer ce moment tant attendu !
Une bonne nuit et après un petit déjeuner à l’hôtel où chaque coureur  explique sa motivation et pour certain…leur angoisse (notamment Véro qui va faire les ¾ de  la course avec moi), nous cherchons le décathlon pour quelques dernières courses : short très léger et casquette recouvrante : chaleur et soleil oblige !
Nous achetons quelques denrées : pattes bien évidemment mais aussi crêpes (après tout, le départ n’est qu’à 18h je vais avoir le temps de les digérer ..) et c’est la préparation de mes sachets ravitaillement : j’en prévois 15 ( 1 pour chaque arrêt ravitaillo )dans lesquels je mets  3 purées de fruits , une barre , des crackers salés et une poudre isotonique de l’effort pour ajouter à l’eau de mon Camel bag .En fait je vais n’utiliser qu’un seul sac pendant toute la durée de ma course , les ravitaillements étant largement suffisants et complets !
Je prépare également le sac pour Arzon (sac de rechange complet) qui  doit être emballé dans un sac poubelle numéroté fourni avec le dossard coureur.
Pour finir je vérifie tout le matériel obligatoire et me voilà fin prête !
Je reçois un message de l’organisation : le départ est retardé d'une heure en raison de la chaleur… mince encore une heure de plus a attendre.
Allez, 17h30, il est temps de prendre la direction du port. Je suis stupéfaite  de la taille des sacs des trailleurs , je trouve le  mien immense ! Oui, j’ai peut-être été un peu trop prévoyante et d’ailleurs au 3eme ravitaillement j’ai compris que seul l’obligatoire (sous peine de pénalité) suffirait amplement et j’ai donné tout le superflu à  JP, discrètement, car toute assistance sauf sur  cinq ravitaillos bien précis n’est autorisée.
Les coureurs arrivent de tous les côtés maintenant pour se positionner près des arches, quelques conseils du speaker, un peu de cornemuse  et c’est le top départ sous les applaudissements de la foule et des cornes de brume : l’émotion est là...
On contourne le village expo  puis on s’éloigne en laissant le port de Vannes à gauche. Ensuite ce sont les chemins de la presqu'île de Conleau , les bords du Golfe où beaucoup de monde venu chercher de la fraîcheur nous encourage , cela fait plaisir !
On attaque  les passages sur la plage, ceux où l’an dernier les coureurs ont eu de l’eau jusqu’ à la taille …mais la bonne fée est encore avec moi : la marée joue en ma faveur cette année !
On court sur les murets de bords de mer puis on remonte  vers Arradon .Le soir tombe; les frontales s'allument. On arrive au premier "vrai" ravitaillo à Larmor Baden au son d’un Fest Noz si typique : quelques frissons de bonheur je prends un peu de salé et je repars tranquille .Là, ça court déjà moins …
Au Bono c’est carrément un plateau-repas qui nous attend : certains préfèrent picorer et repartir vite,   moi je prends le temps de faire un repas même s’il faut faire la queue comme à la cantine : pattes, jambon, fromage et un grand café , la nuit va être longue… 
Je repars en suivant ces lignées de frontales qui scintillent au bord de l’eau (vision  bonheur) et je savoure le silence malgré bon nombre de traileurs .. 
Le centre du village me rappelle le petit séjour que nous avions passé lorsque nous sommes venus faire le marathon de vannes avec mes coéquipiers de marathon…je pense à eux, souris... Que de km parcourus depuis ce deuxième marathon et quel plaisir à chaque fois ! 
A la sortie du  Bono je retrouve ma camarade de déjeuner rencontrée à l’ hôtel : elle est déjà fatiguée surement par cette première portion qu’elle a fait en course assez rapide avec cette chaleur étouffante même de nuit …Une erreur qu’ elle va payer car au contraire de moi qui n’est aucune douleur et un moral «  au taquet «  elle va galérer pour rester dans mon rythme.
Nous poursuivons vers Auray, puis Crach .Quel beau  paysage pour profiter du lever du jour !
A Crach, je prends un bon ptit dej : riz au lait, madeleines, thé et repart avec Véro qui commence a avoir des vomissements (ça va durer et empirer tout le long du trajet..). Elle me dit qu’elle va surement s’arrêter  après le passage en zodiac mais je vais la remotiver.
On retrouve le Golfe à Locmariaquer  avec des vues magnifiques puis  on arrive à l’embarcadère. Petite file  d’attente, on nous donne un gilet et on embarque sur le zodiac, direction Port Navalo. C'est très agréable, magique,  et le coup de fil de Christine me donne le sourire aux lèvres. Et oui j’ai fait la moitié du chemin. Et oui je suis encore en (presque..) pleine forme... Je m’étonne moi-même : ma préparation, bien que je n’ai pas eu l’impression d’en faire beaucoup doit payer !
On nous débarque sous quelques applaudissements de spectateurs et nous parcourrons les  5km pour monter au ravito de la mi-course.
A l'arrivée à Arzon  nous retrouvons notre sac de rechange, douche, massage des pieds avec Nok , repas complet et après cette pause de bien 45 min nous repartons pour cette deuxième partie du parcours .
Le soleil tape dur. On voit les abandons se multiplier...
La côte est très découpée  et les nombreux escaliers qui nous permettent de descendre sur la plage commencent à taquiner mes cuisses. Ravito minimaliste à Port-Nèze, je décide Véro a faire une petite sieste de 15 min. JP  fera sonner le téléphone car il n’est pas venu à ce ravitaillo . Cette petite pause me parait que de quelques secondes mais suffisante pour repartir de bon pied .En plus un voile de brume cache le soleil et c’est très appréciable !
Les km et les heures passent, Véro s’arrête de plus en plus souvent mais malgré tout ne lâche rien..
A Sarzeau nous nous octroyons une deuxième pause de 15 min, JP qui est là l’immortalisera avec une photo assez fun ..
Allez nous repartons avec à nos basques un traileur super sympa qui donne des conseils et remotive ma coéquipière. Moi je suis tellement heureuse que je n’ai pratiquement aucune difficulté pour le moment .Je savoure chaque paysage, chaque échange, chaque kilomètre...
Au Hezo , Véro est obligée d’aller voir l’équipe médicale qui la remonte un peu et lui donne malgré tout le feu vert pour essayer de finir .
Il nous reste l’équivalent d’un marathon .Véro me propose d’essayer de courir pour abréger le temps en espérant que son corps tienne. Du coup nous repartons à vive allure au grand étonnement des traileurs fatigués et ceux malheureusement qui ne peuvent pas repartir.
Je croise JP sur la route qui me passe Jeremy au téléphone aussi surprise que lui d’être si en forme !
Mais bon après une dizaine de km à ce rythme, le corps a surement trop puisé dans mes quelques réserves et mon estomac se révolte... j’arrive au ravitaillo du Séné , blême , incapable de faire les tests de l’étude du sommeil et part vomir, limite malaise . Un repos de 30min s’impose.
Je me lève, prends le thé que JP me tend ( je ne peux avaler rien d’autre ..) et dit à Véro de se préparer pendant que je vais faire mes tests  
Nous repartons. Je sais que ce dernier semi va être TRES dur mais je sais que je vais le finir !
Nous perdons évidemment tout le bénéfice de nos 10 km à vive allure et Véro a de plus en plus de mal. Je pense qu’elle a dû s’arrêter vomir tous les km ! Je la remotive : allez Véro on approche tiens bon, on ralentit encore : je vois JP au détour d’un chemin à ce moment-là.Il en est quitte de me voir vomir à mon tour tripes et boyaux comme on dit...
Il me laisse,  un peu inquiet je pense, et nous voilà reparties. Véro craque à 8 km de l’arrivée, n’en peut plus et me dit de partir.  Là, je me rends compte que si je reste avec elle je vais tomber moi aussi alors j’attends qu’elle téléphone à son fils pour qu’il vienne à sa rencontre et repars en essayant de m’accrocher à un trio de coureurs qui passe à ce moment-là...
Les lueurs du jour pointent, il doit rester 4km, je vois JP arriver à ma rencontre...BONHEUR ! On croise le fils de Véro qui s’est un peu reposée et va repartir avec lui pour finir (je suis contente pour elle...) 
On voit le port de Vannes, l’arche d’arrivée : le speaker me félicite... j’ai terminé en 35h 43 (35 h 14 après déduction du temps de traversée en bateau). Le docteur qui m’attend pour faire les derniers tests m’embrasse et me félicite également   . 
Je ne réalise pas encore...
Je ne veux pas me restaurer, pas faire de photo, juste DORMIR !!
Nous rentrons à l’hôtel, je me douche et pique un somme réparateur jusqu’à midi. 
C’est en me réveillant que j’ai finalement réalisé que j’avais fini ma course et malgré le dernier semi assez dur, dans un état encore étonnant ! 
Et que dire quand j’ai lu les messages de félicitations et mon classement ! Même en l’écrivant j’en ai encore les larmes aux yeux !! 
Alors MERCI ! Merci à vous tous qui m’avez encouragé, merci à JP qui a veillé sur moi tout le long de ce magnifique trail, merci à mes fils, à Felix qui est resté au plus profond de mon cœur pour me donner cette force …Merci à cette terre de marins pour le bonheur qu’elle m’a procuré !!"

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